Entre Pornic et Monastir

J’ai fait l’aller retour à Pornic avec Bénédicte et les enfants pour aller voir ma mère ce qui m’a permis également d’aller chercher au chantier Alubat les grosses anodes pour les changer.

Le 12 octobre j’ai retrouvé Guy et Manu à l’aéroport de Bordeaux avec un panneau solaire sous le bras (je n’ai pu qu’en trouver un en Tunisie et aucun à Malte) et mes anodes dans le sac. J’étais sûr que cela allait être folklo et je n’ai pas été déçu. A peine assis dans l’avion, j’ai été appelé par l’hôtesse et j’ai du partir en courant à la bagagerie non sans avoir demandé au commandant de m’attendre. Là, il m’a fallu déballer mes lingots et donner un cours improvisé sur les anodes sacrificielles. J’ai du être clair car après, toujours au pas de course, être retourné à l’avion qui n’aura perdu que 15 mn une voisine de siège m’a assuré avoir vu un chariot embarquer mon sac. Ouf !!! Je dois dire également que je me suis bien fait chambrer.

Arrivés à l’aéroport de Monastir, c’est le panneau solaire qui a été l’objet de l’attention d’un policier peu amène, qui après m’avoir demandé la valeur de l’objet (que j’ai divisée par 3) m’a laissé passer après l’intervention d’un collègue plus ouvert.

Bon nous voilà enfin sur « L’ostrogoth » et nous avons 3 jours pour faire réviser le gréement et améliorer l’accastillage en vue de la traversée par Laurent qui a monté très courageusement sa société « GrééAcc » à Monastir et faire poser les panneaux par la société AES de Sousse qui a tenu parole et qui était là le jour et l’heure prévus ce qui est un gage de sérieux ici.



Le 15 tout est prêt et nous décidons de partir le lendemain pour Gibraltar. Maintenant quand je dis nous, il faut ajouter un quatrième équipier : Michel Meulnet routeur météo de « Searout » qui va nous suivre grâce au téléphone satellite et nous aider dans nos choix de route jusqu’à la Martinique.

Bilan d'une ballade méditerranéenne

Tout d’abord, le parcours :


La Corse est toujours aussi belle vue de la mer mais lorsque l’on connaît l’intérieur par le GR 20 et le monte Cinto ainsi que les sentiers « mare à monti ou mare à mare » on éprouve une petite frustration (vite passée) en lorgnant les terres.
L’escale de quelques jours aux Lavezzi avec un temps super dans les bouches de Bonifacio a été féerique.

L’archipel de la Maddalena quoique déjà fréquenté nous a permis de profiter de très beaux mouillages. La descente de la Sardaigne sur sa côte est nous a permis d’apprécier plus de calme et la gentillesse des sardes (qui en embrassant d’un regard la mer vous assurent qu’ils sont fiers de n’être qu’un peuple de bergers.).

Les îles Egades et la Sicile nous ont parues plus agitées et la densité sicilienne nous a vite sorti de la quiétude sarde.

Puis il y a eu les îles Eoliennes et vraiment, nous y avons fait un long séjour très agréable et très dépaysant. Il y a des endroits comme cela où on se sent bien et sans doute que cette activité sourde et si présente de la terre participe à la magie des lieux. Je m’attendais à de belles navigations ventées entre les îles mais le vent aura été totalement absent pendant ce séjour. Nous les avons appelées les îles « VOLVOiènnes ».

Le séjour à Malte aura été très sympa malgré le temps qui n’a pas été vraiment top. Un temps pour faire du CNED !!!

Et il y a le départ pour la Tunisie qui marque la fin de cette deuxième aventure et le retour pour 2 mois à Pornic de Bénédicte et des enfants. Ces derniers, on le comprend, piaffent de retourner à l’école et de retrouver leurs copains et copines. Non sans une certaine appréhension d’ailleurs. Dur parfois de ne pas culpabiliser de ce que nous leur imposons par nos choix de vie.

Nous avions prévu de pousser jusqu’à la Grèce mais pour réussir un beau voyage, il faut avancer au rythme de tous et surtout il faudrait beaucoup plus de temps … mais c’est déjà pas mal.


Parlons maintenant de l’équipage :

Quel bonheur d’être en famille...
C’est une chouette expérience et nous avons été épatés par la capacité d’adaptation des enfants et par leur curiosité. Nous n’avons éprouvé aucun poids à cette vie en cercle fermé et la joie toujours présente est un atout indispensable.

Un grand bravo à Bénédicte qui sait toujours réconforter les autres et qui même inquiète lors des navigations ou des manœuvres de port ventées participe avec bonne volonté et courage. Toutes les équipières savent de quoi je parle … Elle est également parfaite lorsqu’il s’agit de négocier une place dans un port complet. Et de plus, il lui a fallu faire travailler les enfants tout l’été et s’attaquer aux cours du CNED en septembre… chapeau ! Je n’avais qu’à m’occuper du bateau et de sa marche, de la pêche ,du blog et jouer avec les enfants. C’est sans doute ça être le plus heureux des hommes ?

Je pense que cela nous a rendu plus forts et plus solidaires d’être inscrits dans un projet collectif.

Méditerranée oblige, les enfants n’auront pas rencontré de copains ou copines. Nous le savions au départ au point même de modifier notre projet. Mais nous avons croisé beaucoup de gens très sympas et ouverts le plus souvent des jeunes retraités avec lesquels nous partageâmes de bons moments. Je ne cite personne de peur d’en oublier. Nous pensons que le futur séjour aux Antilles sera plus convivial avec toutes les familles qui y passent l’hiver.

Un autre problème de la méditerranée est le coût de la vie et surtout les tarifs de port très élevés. (que j’avais un peu sous estimés !)

GrasEt le bateau :

Nous connaissions déjà ses qualités marines et avions aussi apprécié ses performances très honorables pour un bateau de ce type. La vie à bord en famille est aisée et confortable et l’on peut vite oublier que nous sommes dans un bateau de moins de 12 mètres.
Je ne regrette pas la « chère » isolation et toutes les aérations supplémentaires que nous avons faites installer. Au plus chaud de l’été, il nous est même arrivé de préférer manger à l’intérieur. La largeur du cockpit est appréciable mais surtout… la confortable jupe y est devenu l’endroit indispensable du bateau : baignade, pêche, douche et dernier salon où l’on goûte ou l’on cause les pieds dans l’eau.
Du point de vue technique, nous ne déplorons que le changement de la pompe à eau à Malte (encore que pris en compte par la garantie volvo).

De Malte à la Tunisie

En rentrant dans la baie de la Valette,

nous sommes conscients que trouver une place à cette période ne sera pas aisé mais nous nous fions à notre bonne étoile et nous nous dirigeons vers la très prisée marina de Msida.
Bien entendu, il n’y a pas de place mais le sympathique équipage de « Tudo Bem » nous offrira son couple en attendant qu’une place se libère.

Après une bonne nuit, nous partons en ballade à La Valette. Son centre, à notre goût, n’offre que peu d’intérêt et nous préfèrerons les extérieurs plus adaptés aux envies de découverte des enfants.
Ces derniers,


s’arrêtent devant un exemple de flegme britannique à la mode méridionale.
Les matous semblent aussi patients que le pêcheur et, ma foi, parfois ça peut payer.

Nous décidons de rester quelques jours ici et d’en profiter pour faire changer la pompe à eau qui suintait un peu (changement pris en charge par l’extension de garantie) et faire faire une révision du moteur par l’agent Volvo. Nous essaierons aussi de trouver des panneaux solaires mais cela s’avèrera très difficile et la société Ecogroup de Malte nous mènera en bateau (c’est un comble alors que nous sommes en escale !!!) par son amateurisme et son manque de sérieux. Nous ne perdrons pas notre temps que nous partagerons entre le Cned le matin et les promenades l’après-midi et le soir.
Les rue du vieux quartier témoignent de l’importance du commerce maritime dans l’histoire de Malte.
Les déplacements dans l’île sont facilités par la densité de son réseau de transport public.


Nous passerons un très joyeux moment à bord de Tudo Bem avant que son équipage ne parte pour la Sicile.
Retour de shopping avant de se préparer pour le départ.
Effectivement, nous avons décidé de rallier directement la Tunisie le lendemain 28 septembre à 05h00. A l’heure dite, tout est prêt et malgré l’heure matinale Bénédicte est dans une forme éblouissante et aussi motivée par les 36 heures de nav. qu’un skipper du Vendée Globe !!! Mais à la mise en service du pilote, le fusible de ce dernier fondra et avec l’aide d’Hervé et d’Alain de « Morskoul » l’interface fautive sera déposée sans conséquence pour le fonctionnement du pilote si ce n’est l’impossibilité de l’utiliser en mode régulateur. Un grand merci à tous les deux pour leurs conseils, notamment les techniques de pêche d’Hervé.

Nous partirons donc le lendemain à 5h00 pour la dernière navigation en famille en méditerranée.
La traversée est assez tranquille la première journée, marquée par quelques prises…
Tiens j’attendais plutôt les dorades coryphènes dans l’atlantique
Au petit matin, encore un avant goût de transat avec ce poisson volant
et Ferdinand est déjà au travail .
Il a bien raison car un peu plus tard, nous prendrons un bel espadon que nous partagerons à Monastir avec Phil et Bernard de Tudo Bem

L’arrivée sur la Tunisie sera bien mouvementée avec plus de 30 N de vent et une mer très difficile caractéristique de la région.

Après 5 jours très occupés par le rangement du bateau et les ballades dans la médina, l’heure du départ approche et il est temps de dire au revoir à Marine,
à la marina
et à la Tunisie.

Une nouvelle aventure nous attend …